jeudi 22 septembre 2016

Hommage à Bernard This (1928-2016)


J'ai eu la chance inouïe d'avoir un père extraordinaire. C'était quelqu'un qui avait pour devise « labor improbus omnia vincit », ce qui signifie « un travail acharné vient à bout de tout ».

Immense générosité, immense culture, immense bienveillance, immense humanité…

Dès le début de ses études de médecine, il avait compris que si la technique (médicale) s'imposait, on ne devait pas s'y arrêter, car l'être humain n'est pas réductible à des morceaux de viande.
Pour des raisons que je ne comprends pas encore, il s'était intéressé à la naissance et à la psychanalyse, voie où il s'était engagé avec fougue.
Ce n'était pas un homme de compromis, mais de conviction, car on ne transige pas quand l'humain est en jeu. Observant l'obstétrique de son temps, il l'avait critiquée publiquement, réfutant l'idée d'alors selon laquelle les enfants n’auraient pas ressenti de douleur, réfutant l'idée selon laquelle les nouveaux-nés n'auraient pas souri…
Ayant aidé une femme à accoucher, et observant que celle-ci ne souffrait pas, il se fit l'apôtre de l'accouchement sans douleur, avec le docteur Lamaze, dès 1951. A l'Hôpital Foch, à la Clinique des Bleuets, et dans quelques autres endroits, il militait énergiquement pour donner aux femmes la possibilité d'accoucher sans douleur, ce qui le conduisit tout naturellement à créer le Groupe de recherche et d'étude de la naissance (GRENN), cadre dans lequel il contribua à faire connaître la sophrologie, les accouchements dans l'eau, l'haptonomie…
Mais j'ai dit qu'il ne s'arrêtait pas à la technique, et son intérêt pour la psychanalyse le conduisit très tôt à se préoccuper des enfants de ce point de vue là, créant notamment le Centre Etienne Marcel de psychopédagogie, mais bien d'autres structures du même type, telles les Maisons vertes, d'abord à deux pas de son domicile, dans le Front de Seine, à Paris, puis bientôt dans d'autres villes.

Il travaillait aussi beaucoup seul, écrivant inlassablement : des articles, des livres… Le premier fut consacré à la psychanalyse, mais les suivants discutèrent la question de la naissance, du nouveau né… mais aussi des parents, le mère et le père.
Ces livres étaient des best sellers, et la façon dont ils sont écrits est étonnante : il ya une sorte de grande simplicité, et en réalité, de grande modestie : les mots sont simples, les mots sont clairs, il n'y a pas de prétention intellectuelle, mais on raconte des histoires (vraies), et l'on s'émerveille des travaux de quelques pionniers, tel l'abbé Spallanzani, qui s'interrogeait sur la génération, et découvrit l’importance des spermatozoïdes en mettant des culottes à des grenouilles. Par exemple.
Tous les soirs, après ses consultations, il partait pour des groupes de travail variés : traductions de Freud à partir de l'allemand, reconnaissant que l'on ne peut guère s’intéresser à le pensée de quelqu’un sans la connaître précisément, publication de la revue du Coq Héron, émanation initiale du Centre Étienne Marcel, Groupe d'étude de la naissance, qui publia notamment un livre qui fit date, intitulé L'aube des sens, où l'on s'interrogeait sur les perceptions de l'enfant in utero…

Il avait au moins deux autres terrains de prédilection, à savoir la mythologie et l'étymologie : ce que parler veut dire…
Au milieu de son jardin, de ses roses, il avait une façon extraordinaire d'être, en parfaite sympathie, en parfaite compassion, en générosité, en discrétion, au point que l'on pourrait même reprocher de ne jamais avoir assumé de « direction » véritable, même s'il fut effectivement un directeur, dans nombre de circonstances, tel le Centre Étienne Marcel.
Il avait des yeux bleus, limpides comme son esprit, pétillants comme sa culture et sa pensée, sa bienveillance et sa sagesse.

Je ne parviens pas à ne pas imaginer qu'il ait voulu autre chose qu'une vie « exemplaire », mais pas un exemple que l'on doit suivre ; un exemple que l'on est invité à raisonner, pour construire chacun notre propre vie exemplaire.
Nos communautés ont un immense besoin de telles personnalités.

vendredi 16 septembre 2016

Les "belles personnes"

Je définis une "belle personne" comme une personne si généreuse que chaque discussion avec elle est l'occasion de découvertes inattendues, même quand on fréquence cette personne quotidiennement.

Dans le milieu psychanalytique, on a parlé de Jacques Lacan ou Françoise Dolto, mais très peu de Bernard This, qui a consacré sa vie au nouveau-né, l'enfant, la mère, le père.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard_This

lundi 12 septembre 2016

Talent et génie

Hier, j'ai trouvé cette formule rigolote : le talent fait ce qu'il peut, et le génie fait ce qu'il doit.
 On sait mon attitude ambivalente pour ce qui concerne les formules et les arguments d'autorité en général. Ce n'est pas parce qu'une phrase a été dite, ce n'est pas parce qu'elle est concise et efficace du point de vue de la communication, ce n'est pas parce qu'elle a été dite par une Autorité, que je considère que l'idée portée par la phrase est juste.
Surtout j'ai bien appris à ne pas chercher de qualités à des objets qui n'existent pas. J'ai discuté ailleurs la question de savoir si le manteau du père Noël était rouge ou bleu, et j'ai rapproché ce questionnement de celui de certains clercs du Moyen Âge, qui se demandaient combien d'anges pouvaient tenir sur la tête d'une  épingle, prototype de la question contestable, car si les anges n’existent pas, il n'y a pas lieu de s'interroger sur leurs qualités, ou sur leur nombre.

 Le talent ferait ce qu'il peut et le génie ce qu'il doit ? Je propose de nous interroger : le talent existe-t-il ? Et le génie ?

Nous avons tous des acceptions très idiosyncratiques, surtout pour les termes un peu extraordinaires, et je prends ici le mot « extraordinaire » au sens littéral. Qu'est ce que le talent ? Qu'est-ce que le génie ? En l’occurrence, l'auteur sous la plume de qui j'ai trouvé la formule précédente, définissait talent et génie par la formule précédente.
De même, ailleurs, j'ai cité cette phrase : ne touchons pas au idoles, car ils nous restera de l'or aux doigts. Là encore, la formule permettrait de définir les idoles et l'on admettra avec un peu de réflexion qu'une idole est quelque cchose d’idolâtré, mais peut-être pas pour de bonnes raisons !

Il y a donc cette possibilité de définir le talent et le génie par la formule précédente : dans cette hypothèse, il n'y a plus qu'à chercher, parmi nos amis et connaissances, si elles font ce qu'elles peuvent ou ce qu'elles doivent. Quelqu'un qui fera ce qu'il doit sera un génie ; cela ne signifie pas qu'il ait des caractéristiques supérieurs, mais seulement qu'il a cette caractéristique de faire ce qu'il doit.

samedi 10 septembre 2016

Se mettre un pas en arrière de soi-même.


Notre enthousiasme naturel, notre fougue d'enfant, nous conduisent souvent à des erreurs, par manque de réflexion. Se mettre à en arrière soi-même, c'est donc se donner la possibilité de juger par avance ce que nous faisons, la possibilité de trouver un cadre plus large, et, surtout la possibilité d'y penser une seconde fois. Un peu comme quand on disait qu'il fallait tourner la langue sept fois dans sa bouche avant de parler.
Là, on risque  le mauvais devoir de philosophie,  avec la discussion entre ceux qui veulent de l'action et ceux qui veulent de la réflexion, mais un bon mélange des deux est sans doute nécessaire. Evidemment,  si on se met un pas en arrière de soi-même, on est donc amené à réfléchir à ce qu'on fait. Mais on est aussi conduit à se mettre un pas en arrière de cette réflexion, et ainsi de suite, de sorte qu'à force de se mettre en arrière, on ne fait plus rien.
Il y a  cette image amusante du « je sais que je ne sais rien donc je ne fais rien » et du « je ne sais pas je ne sais rien, donc je fonce »...  les yeux fermés dans un trou placé devant moi.
 Reste toutefois que réfléchir n'est  généralement pas mauvais et que nous avons  bien intérêt à évaluer ce que nous faisons. C'est là l'idée qui est donnée dans cette phrase.

jeudi 8 septembre 2016

Le summum de l'intelligence, c'est la bonté et la droiture.


Le mur de mon bureau porte cette phrase : le summum de l'intelligence, c'est la bonté et la droiture. Cette phrase est dérivée d'une phrase de Jorge Luis Borges, selon qui  le summum de l'intelligence est la bonté. J'ai ajouté la droiture, parce que si la bonté implique la droiture, le mot mérite d'être plus largement prononcé, ces temps ci. 
La bonté, d'ailleurs, mériterait d'ailleurs d'être commentée. Qu'est-ce qu'être bon ? Pour la droiture, cela semble être plus clair, car semble s'imposer une conformité entre les paroles et les actes, et des actes conformes à des engagements... ce qui n'est déjà pas si mal !