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vendredi 29 avril 2022

Entretenir une correspondance

Parmi les six règles que le chimiste et physicien anglais Michael Faraday s'imposait depuis tout jeune, il y avait celle-ci  : entretenir une correspondance.
Pourquoi le fait d'avoir une correspondance permet-il de devenir un excellent scientifique ? Bien sûr, il y a manière et manière d'avoir une correspondance, et de vagues messages, par email, sms ou autre  ne nous feront guère grandir.

Mais il y a aussi des façon intelligentes de faire et, évidemment, c'est ce que fit Faraday : il avait compris que cette règle visait à élaborer un discours de qualité.

Il y a mille raisons pour lesquelles cela est utile, des raisons le fond et des raisons de communication.

Pour les raisons de fond, on doit évoquer à ce propos l'introduction du Traité élémentaire de chimie par lequel Antoine de Lavoisier réforma la chimie et engendra  la chimie moderne :  dans le tout début de son livre, il cite Condillac en faisant observer que la pensée, c'est les mots.

Et c'est d'ailleurs ce qui était un des objectifs de Faraday  : entretenir une correspondance pour être en position d'explorer les mots, c'est-à-dire les pensées.

Il écrivait à son ami Abott... alors que celui-ci vivait à quelques centaines de mètres... et grâce à cette correspondance d'ailleurs, nous avons des traces du développement de la pensée de ce scientifique extraordinaire que fut Faraday.

Il apprit, en écrivant de façon "élevée", la précision dans les termes, qui épaula sa précision dans les manipulations.

Plus tard, d'ailleurs, quand il enseigna à tes frères et soeur, il insista sur ce point essentiel qui consiste à ne pas passer trop vite sur les mots qu'on ne comprend pas, mais, au contraire, à les examiner, à l'aide d'un dictionnaire, à les recopier, à recopier leur définition, à apprendre ces mots les uns à la suite des autre.

C'est ainsi que l'on communique bien, par oral ou par écrit, mais c'est aussi ainsi que l'on calcule bien, car le calcul est une façon abrégé d'écrire.

C'est aussi par les mots justes que l'on pense bien comme l'avait justement fait observer Lavoisier, et et c'est pour cette raison que ce conseil aida tant notre jeune Faraday, dont on ne doit pas oublier qu'il venait d'une famille extrêmement pauvre.

Faisons notre miel de son conseil : entretenons des correspondances !

mardi 6 août 2019

Un journal, surtout un journal, et dès l'école !

L'école enseigne à avoir un cahier de brouillon et un cahier de propre, comme on disait, et cela est bon, d'un certain point de vue, parce que cela habitue à écrire.
Cela dit, la vie est trop courte pour mettre les brouillons au net, de sorte que nous pouvons avoir une ambition supérieure : faire propre aussi vite que possible, de sorte que nous n'aurions qu'un seul cahier.
Puis le collège et le lycée habituent les élèves à avoir un cahier par matière. Cela n'est pas critiquable, en soi... mais ça conduit à ne plus avoir de "cahier" général... alors que les marins ont un journal de bord, les scientifiques un cahier de laboratoire, etc.

Bref, dans les méthodes d'instruction que l’Éducation nationale pourrait utilement donner, il y a la consigne de tenir un journal, d'avoir un cahier sur lequel on marque ce que l'on fait.

Si le mot "cahier" désigne l'objet,  le mot "journal" est plus intéressant puisqu'il indique que c'est un cahier que l'on tient chaque jour.
Il y a aussi le mot "éphéméride" qui pourrait correspondre et en anglais, il y a le diary tel que le tenait le chimiste Michael Faraday et qui correspondait en réalité à un cahier de laboratoire.
Faraday avait perdu son père très jeune et il était d'une famille extrêmement pauvre. Il fut intellectuellement sauvé par les conseils donnés dans un livre intitulé L'amélioration de l'esprit, du prêtre anglais Isaac Watts. Parmi les six conseils que Faraday retint de cet ouvrage, il y avait  celui de toujours avoir avec soi un cahier pour noter ses idées.
Il y a lieu de commenter cela. Le premier commentaire concerne les "idées" : pourquoi seulement les idées ? Si l'on pense sans cesse sécurité, qualité, traçabilité, alors il y a lieu de noter bien plus que des idées et, par exemple des informations que l'on n'ira pas rechercher une deuxième fois.
D'autre part, à propos de noter, on est passé à l'ère du numérique, et le cahier papier aura sans doute été remplacé par un fichier... tandis que  la notation par écrit, à l'aide d'un crayon ou d'un stylo, aura peut-être été une dictée qu'un logiciel aura fixée par écrit.

En tout état de cause, il faut discuter les vertus de cette méthode et notamment le fait qu'écrire des idées, les informations etc. apprend à écrire. Et, si l'on fait cela de façon non négligente, alors on peut même perfectionner son orthographe, sa grammaire, mais, surtout, si l'on considère les mots un à un, alors on peut apprendre à penser.
Et nous rejoignons là un autre conseil d'Isaac Watts,  à savoir d'entretenir une correspondance. Car ce journal  que l'on tient, n'est-ce pas une correspondance avec soi-même ?
Faraday n'est d'ailleurs pas le seul dont on puisse avoir envie de suivre les traces, et nombres de grands scientifiques du passé ont insisté sur la nécessité de parler et d'écrire précisément. Un mot posé sur une feuille n'est pas une feuille d'arbre emportée par le vent,  mais au contraire cela doit être le fruit d'une longue décision bien mûrie. D'ailleurs, on pourrait parfaitement considérer que la tenue de ce journal, le soir, correspond à ces exercices spirituels qui sont proposés par les philosophes au moins depuis Platon et son académie.
Et puisque nous discutons Platon, évoquons Aristote pour qui l'écriture était la mort de la pensée. Avec les logiciels de dictée, la pensée reprend ses droits, et nos amis sont libérés de la question de la grammaire et de l'orthographe... Mais quand même, la question n'est pas d'aller vite, et la rumination des idées, leur polissage, produit mieux que de simples mots écrits sur une feuille ou sur un écran. La question est moins le support que les idées véhiculées par la langue, n'est-ce pas ? 

dimanche 24 juillet 2016

On répond toujours à un courrier


Electronique ou papier, les messages qui nous sont adressés méritent une réponse. C'est une vieille règle de politesse. Pourquoi s'impose-t-elle ?

Jadis, et d'ailleurs encore naguère, la politesse (le mot est français, de sorte que c'est la politesse française que je considère) voulait que nos actes soient en conformité avec la religion catholique (ou éventuellement protestante, après la Renaissance) : c'est au regard de Dieu qu'il fallait agir. Or "la personne est de par sa constitution un être social, car ainsi l'a voulue Dieu qui l'a créée" (Concile oecuménique Vatican II). Dans cette vision, la vie communautaire aurait été une caractéristique naturelle qui aurait distingué l'être humain du reste des créatures terrestres. Et comme les êtres humains sont frères (et soeurs), il était évident que l'on ne pouvait pas refuser de répondre.
Les siècles ont passé, et la religion n'est plus la base universelle de la politesse française. Sur quoi fonder alors cette dernière ? Sur les us et coutumes ? Sur la nature humaine ? La question d'une "morale naturelle" été largement débattue, et la biologie du comportement animal a récemment donné de nombreuses clé pour mieux comprendre que la morale a une double fondation naturelle et culturelle, mais il demeure que la socialité est une caractéristique de notre espèce.
Revenons à nos courriers : de même que ne pas répondre à quelqu'un qui s'adresse à nous est une façon de le rejeter, ne pas répondre à un courrier est une façon manifeste de refuser une relation, qu'il s'agisse de courrier papier ou d'email. Naguère, et encore aujourd'hui, certaines "personnalités" avaient des secrétaires pour faire cette séance de courrier que l'on remplace aujourd'hui par des séances d'email.
Mais la  règle demeure : on répond toujours à un courrier, au minimum par un "J'ai bien reçu  votre courrier, et j'y répondrai plus en détail dès que je pourrai".
Du coup, comme je réponds parfois tardivement, je viens d'ajouter une réponse automatique qui accuse réception des messages, en attendant qu'ils  soient traités plus en détail. Est-ce me préoccuper suffisamment de mes correspondants ?